Les rêves de Mandela restent inachevés
En Afrique du Sud, 30 ans après la fin de l’apartheid, les rêves de Mandela restent inachevés.
Le pays célébrait, ce week-end, l’anniversaire de ses premières élections multiraciales. Le 27 avril 1994, l’Afrique du Sud tournait la page de l’apartheid et donnait le pouvoir à Nelson Mandela. Mais aujourd’hui, à l’heure du bilan pour l’ANC, la désillusion prend le pas.
Le public venu marquer les 30 ans des premières élections libres sud-africaines, sur la pelouse de la présidence à Pretoria, est clairsemé. Le gouvernement de l’ANC, le parti au pouvoir depuis trois décennies, avait pourtant mis les petits plats dans les grands, avec spectacle aérien de la patrouille militaire et concerts de stars de la musique locale.
Au sein de la foule rassemblée sous un chapiteau, en contrebas de la statue de Nelson Mandela qui veille sur la capitale les bras ouverts, se trouve Paulina. Elle se souvient comment tout a changé le 27 avril 1994 : « Avant, on ne pouvait même pas aller dans certains endroits sans un permis, et quand on voyait un homme blanc, il fallait mieux s’enfuir. »
Un goût doux amer
A 72 ans, son visage s’illumine lorsqu’elle affirme que « maintenant, on est libre, il y a eu beaucoup de changement, beaucoup. » Mais le président, Cyril Ramaphosa, à la tête du pays depuis 2018, est bien conscient du goût doux amer de ces célébrations : « Nous savons que malgré nos avancées, l’Afrique du Sud reste une société très inégalitaire ».
Officiellement 32,1% de la population est sans emploi – un chiffre qui grimpe à 41,1% si l’on prend en compte ceux qui ont abandonné toute recherche : les Sud-Africains n’ont pas vraiment le cœur à la fête. A Johannesbourg, dans les rues de Westbury, un township métis défavorisé et meurtri par la violence entre gangs, de nombreux habitants errent parmi les blocs d’appartements délabrés.
Les jeunes sont particulièrement touchés par le chômage, comme Letisha, 36 ans : « Mon mari est aussi sans emploi et nous avons cinq enfants. Si mon père n’était pas décédé, nous n’aurions même pas de maison à nous. »
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Source : lesechos.fr / Claire Bargelès
Photographie : https://www.flickr.com/photos/45582474@N02/9215883633