Le réseau ferré au bord du gouffre

Le réseau ferré au bord du gouffre

Comment le réseau ferroviaire national sud-africain Transnet s’est retrouvé au bord du gouffre.

Les problèmes « catastrophiques » de la société de fret reflètent ceux d’Eskom, l’entreprise en charge du monopole électrique.

Les 20 000 km de chemin de fer qui couvrent l’Afrique du Sud symbolisaient autrefois la puissance minière du pays, transportant des trains chargés de charbon et de minerai de fer destinés à l’Inde, à la Chine et à d’autres marchés sous le monopole de la compagnie ferroviaire d’état, Transnet.

Mais le volume de marchandises transportées par le plus grand réseau ferroviaire d’Afrique s’est effondré d’un tiers au cours des cinq dernières années, dans une crise « aux proportions catastrophiques » selon le président Cyril Ramaphosa et mettant en lumière les dysfonctionnements de certaines des entreprises publiques du pays.

À l’image du désarroi qui règne au sein d’Eskom, l’entreprise publique en charge du monopole électrique, les responsables et les chefs d’entreprise s’efforcent de remédier à la mauvaise gestion et à la corruption présumée qui ont abandonné Transnet au vandalisme, au vol de câbles et aux blocages dans les ports. La crise a freiné les exportations de matières premières cruciales dans le premier pays industriel du continent, menacé des milliers d’emplois dans le secteur minier et frappé des recettes fiscales indispensables.

Un symbole du dysfonctionnement, selon des personnes proches de Transnet, sont les trains dits fantômes ou imprévus qui circulent en toute opacité financière. Transnet a déclaré enquêter sur ces allégations.

Dans un effort de contrer une menace pour l’économie qui n’a d’égal que les coupures d’électricité répétées chez Eskom, Ramaphosa a annoncé cette semaine que son gouvernement finalisait un plan visant à « permettre un plus grand investissement public et privé » dans Transnet, qui est grevé de 130 milliards de rands (6,9 milliards de dollars) de dette.

Les réformes, qui doivent encore être approuvées par le gouvernement, ne privatiseraient pas complètement l’opérateur ferroviaire mais déplaceraient le rôle qu’y joue l’État en le limitant à la propriété et à la gestion des infrastructures.

« Nous avons clairement indiqué que les infrastructures portuaires, ferroviaires et électriques de l’Afrique du Sud sont des atouts nationaux stratégiques et resteront des entreprises publiques », a déclaré Ramaphosa lors d’une réunion de l’ANC, le parti au pouvoir depuis la fin de l’apartheid.

Transnet recherche également le soutien du gouvernement pour la mise en place d’un plan de redressement à court terme, a déclaré son conseil d’administration la semaine dernière.

La directrice générale de l’entreprise, Portia Derby, et son responsable du fret ferroviaire – la plus grande division d’un empire qui englobe également les ports et les pipelines – ont tous deux démissionné le mois dernier. Les syndicats alliés de l’ANC se sont joints aux appels du monde des affaires en faveur de leur départ après que les mineurs aient mis en garde contre des pertes d’emplois dues aux opportunités d’exportation manquées. Le conseil d’administration de Transnet a été remplacé en juillet et son directeur financier a également démissionné.

Le réseau ferré au bord du gouffre – Photographie : Bob Adams

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